• Tribune de Genève

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     Dessin de Abdel Nasser Amer pour 2011

    http://carol.blog.tdg.ch/archive/2010/12/25/joie-paix-et-amour-pour-tous-vraiment.html

     

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    L’ingéniosité des paysans sans terre

    Eva Bartlett suit le développement inouï des cultures sur les toits de Gaza. Comme disent les Anglais, « La nécessité est la mère de l’invention. » 

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    Un jardin sur le toit (Emad Badwan)

     

    « Nous cultivons sur nos toits

     

    Beit Hanoun, Gaza , 2 décembre 2010

     

    ‘Nous cultivons sur le toit maintenant parce que nous sommes paysans mais n’avons plus de terre,’ dit Moatassan Hamad, 21 ans, de Beit Hanoun au nord de la bande de Gaza. ‘Notre famille est nombreuse et nous avons la chance d’arriver à nous nourrir avec ce que nous cultivons,’ dit-il. Ils produisent des légumes courants : ‘Choux et aubergines en hiver, et endochriyya (une plante qui est une base de potage) ainsi que du paprika fort, ail et oignons en été. Nous cultivons aussi d’autres choses que nous pouvons vendre – par exemple, des fleurs et des pousses de palmier.’

     

    La maison est faite de parpaing, typique de ces camps de réfugiés palestiniens surpeuplés. ‘Il n’y a pas d’espace dans les camps – pas d’arbres, pas de jardins publics,’ dit Hamad.

    La verdure et les couleurs de son jardin contrastent avec le gris brut de leur maison et de celles alentour. Dans de grands bacs en plastique, il y a des pousses de dattier, d’oranger et de palmier ; du persil, des cactus et des poivrons qui poussent bien dans ce jardin sur le toit.

    ‘Voisins et amis ont du plaisir à venir nous rendre visite un moment puisqu’ils n’ont rien de semblable chez eux’, ajoute Hamad.

     

    Hussein Shabat, directeur du Centre palestinien pour le développement des jeunes, conseille les familles qui travaillent sur des projets de jardins sur le toit de leurs maisons. Il reçoit parfois de l’aide de la part de donateurs étrangers.

     

    Selon Shabat, ‘Beit Hanoun est un endroit stratégique pour de tels jardins. Il se trouve près de la frontière avec Israël et beaucoup de ses terres agricoles ont été détruites à multiples reprises par l’armée israélienne.’ Le Comité palestinien pour l’aide agricole (PARC) estime que pas moins de 75'000 dunams (un dunam égale 1'000 mètres carrés) de terrain agricole de première qualité a été détruit par des bulldozers et des bombardements israéliens.

     

    ‘Un bon nombre de paysans qui ont encore des terres cultivables n’osent pas y aller à cause des israéliens,’ dit Shabat. L’imposition d’une zone tampon le long des frontières de Gaza par Israël réduit d’un tiers le terrain agricole accessible aux paysans : quiconque essaie d’y aller risque sa vie. Autrefois, ces terres faisaient partie de la bande de Gaza qui produisaient du blé, de l’orge et une grande variété de fruits, de noix et d’amandes.

     

    ‘Beaucoup ont quitté leurs maisons et leurs terres près de la frontière par peur des tirs israéliens et des attaques d’obus,’ dit Shabat. Beit Hanoun est maintenant un paysage dépourvu d’eau et d’arbres.

     

    A Beit Hanoun, sur un autre toit en ciment carré et plat, Ahed Shabat, 42 ans, cultive des plantes et des légumes dans des bacs, faits de métal ou de ciment, au milieu de la lessive qui pend et les citernes d’eau. ‘Nous cultivons des produits dont nous avons besoin toute l’année, tels l’ail et les oignons,’ dit-il, ‘mais aussi des légumes de saison : des épinards, du persil, des radis, des aubergines, du maïs, des gombos et du paprika fort. 

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    de l'aïl

     

    ‘Il y a également des fleurs, de la sauge, de la menthe que nous rajoutons au thé et du zaatar [le thym qui pousse en Palestine, utilisé comme condiment, notamment avec de l’huile d’olive sur le pain ndlt],’ dit Shabat…. Il arrive à nourrir six bouches grâce à cette île tranquille sur son toit. ‘Le jardin est principalement destiné à notre consommation familiale et nous épargne des dépenses,’ dit-il. ‘Ma famille aime venir ici parmi les plantations étant donné que la plupart de la végétation de Beit Hanoun est détruite.’

     

    Des projets similaires qui comprennent aussi l’élevage des lapins et des poules sur les toits de maisons, aident à combattre la grave pauvreté de la population de Gaza, dont 80% dépend de l’aide pour la nourriture. Pour les habitants de villes ou de camps de réfugiés surpeuplés ayant accès à un toit, un jardin est la solution pour éviter la malnutrition et pour gagner un peu d’argent.

     

    ‘J’aime élever les oiseaux,’ dit Abu Jehad, 17 ans, qui gère une coopérative sur un toit au centre de la bande de Gaza. Il a environ 100 poules et une vingtaine de pigeons. ‘Au début, j’ai appris comment faire avec un ami qui possède une autre coopérative. Le seul endroit disponible pour les poules était notre toit.’

     

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    Abu Jehad avec un pigeon sur le toit de sa maison

     

    Les poules sont dans un enclos 1,5 par 3 mètres fait de toute pièce : bois, métal et fil de fer. Abu Jehad l’ouvre une fois par jour pour permettre les poules de se promener et picoter partout sur le toit. ‘J’ai commencé avec neuf poussins qu’un ami m’a donnés, puis j’en ai acheté dix autres avec le l’argent que j’avais mis de côté. J’ai pu  acheter encore 30 autres avec les contributions de ma famille.’

     

    Les débuts de l’élevage n’étaient pas faciles. ‘Ce printemps, le vent était frais le matin. Je n’avais que du matériel limité pour une seule cage qui était exposée. J’ai perdu des poussins faute de pouvoir les protéger du vent et du soleil.’ Il y avait aussi la maladie. ‘Les médicaments sont très chers à cause du blocus. Déjà, c’était difficile d’avoir assez de nourriture. Mais sans dépenser pour les médicaments, ils auraient été tous morts – j’ai dû en acheter.’

     

    Ayant survécu au démarrage du projet, ses oiseaux se sont multipliés et se portent bien. ‘Maintenant, j’ai environ 50 couples et différents types de poules,’ dit Abu Jehad. 

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    un coq sur le toit – un réveille-matin !

     

    Les œufs et la viande sont de meilleure qualité que les élevages en usine selon Abu Jehad, puisqu’il nourrit de façon naturelle. ‘Je ne leur donne aucun stéroïde ou produit chimique, juste les peaux de légumes et du pain sec et des graines, et je les laisse en liberté sur le toit tous les jours.’

     

    Abu Jehad a commencé son projet sans l’aide d’une organisation non-gouvernementale [ONG ndlt], quoique plusieurs ONG soutiennent de tels projets. ‘J’ai dû investir considérablement au début et les oiseaux ne me rapportaient rien pendant un long moment. Puis, avec plus de poules et une plus grande variété, j’ai commencé à voir de petits profits. Si ma famille n’avait pas besoin de cet argent, j’utiliserais les profits de la vente des œufs pour acheter de la nourriture spécialement pour les oiseaux.’

     

    Ce projet qui a commencé comme défi a progressé jusqu’à devenir un moyen relativement lucratif permettant la subsistance de cette famille."

      

    Toutes les photos sont d’Emad Badwan, chroniquer de la vie quotidienne dans sa bande de Gaza natale. Auteur de centaines de photos de Gaza, Badwan a aussi tourné plusieurs vidéos.

    Pour plus d’informations, contacter l’auteur de ce blog.

     

    http://carol.blog.tdg.ch/archive/2010/12/12/l-ingeniosite-des-paysans-sans-terre.html

     

     

     

    La faim programmée

    Un fait divers publié le 9 novembre sur Ma’an News fait penser à la réflexion de Nasri Sayegh dans « Bowling à Bagdad »: « Il est impensable que celui qui cultive le blé meure de faim, que celui qui cueille des légumes soit sous-alimenté, que celui qui surveille le mûrissement des fruits soit privé de médicaments. » (p. 107)

     

     

      " l’Autorité palestinienne souhaite un rythme plus soutenu pour les livraisons au passage de Gaza "

     

    Les israéliens ont réduit de moitié les quantités de blé et de bétail autorisées à l’importation à Gaza : une crise plane. La demande de l’Autorité palestinienne pour que la circulation habituelle du blé et du bétail soit rétablie a rencontré une réponse négative de la part des autorités israéliennes. En ce moment le passage de Karni, réservé à ces importations, est ouvert deux fois par semaine et un de ces deux jours est réservé aux besoins des organisations internationales présentes sur le terrain à Gaza.

     

    Du blé et du fourrage pour animaux ne sont autorisés à l’importation qu’un jour par semaine. Selon le responsable Raed Fattouh, il faudrait deux jours supplémentaires pour parvenir aux besoins de la population. »

     

     

    http://carol.blog.tdg.ch/archive/2010/11/12/la-faim-programmee.html

     

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    En 2005, Jonatan a reçu une grenade de gaz lacrymogène sur la tête dans une manifestation non-violente contre le mur à Bil’in. La blessure a saigné en deux endroits dans son cerveau, elle a nécessité 23 points de suture.

     

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    Jonatan Pollak lors de son procès à Tel Aviv le 27 décembre (Oren Ziv/ActiveStills)

     

    Il avait ceci à dire au juge Itzhak Yitzhak : ‘J’irai en prison la tête haute. C’est le système de justice, à mon avis, qui devrait baisser les yeux face à la souffrance des habitants de Gaza.’ »

    article ici :

    http://carol.blog.tdg.ch/archive/2010/12/28/manifestation-a-bicyclette-pour-gaza-liberte-d-expression-ba.html

     

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    « L’hiver à Gaza »

    Ziad Medoukh partage ses impressions de l’hiver qui contrastent  avec Genève sous la neige. Responsable de la faculté de français de l’Université Al Aqsa de Gaza, Ziad réussit de nombreux projets pour améliorer la qualité de la vie des étudiants. Le 11 octobre, il a pu annoncer l’existence de trente et une bourses pour diverses études universitaires,  grâce à l’Association française AFPS, Ardèche-Drôme. Le jour suivant, il a inauguré le nouveau Centre de recherches francophones, financé par l’Association Dunkerque-Gaza. C’est un rêve qu’il caressait déjà lors de sa soutenance de doctorat à Paris.

    Auteur du livre de poèmes « J’enseigne la paix à Gaza, » dont il a lu des extraits à la librairie l’Olivier en été 2009, Dr Medoukh cherche un éditeur en Suisse pour un deuxième recueil de 60 nouveaux poèmes. On peut le contacter à ziadmedoukh@hotmail.com.

     

     

    « Ziad Medoukh

    L’hiver à Gaza

    N’est pas l’hiver d’ailleurs,

    C’est un hiver très doux,

    Un hiver sans orage ni vent,

    Un hiver aux rares pluies

    Un hiver plein d’étoiles.

     

    L’hiver à Gaza est si particulier

    Que même la poésie la plus colorée

    Ne pourrait décrire,

    Cet hiver gazaoui,

    Cet hiver ensoleillé !

     

    Pendant l’hiver, à Gaza

    A l’horizon, peu de nuages

    Et dans le ciel, l’ombre chuchote

    Aucun arbre n’est coiffé de blanc.

    En hiver, à Gaza

    Le soleil est ardent.

     

    Il est magnifique l’hiver à Gaza !

    Les arbres fruitiers

    Sont couronnés de mille fleurs.

    L’olivier se prépare à donner

    Les fruits de l’automne suivant.

    A Gaza, l’hiver est un printemps.

     

    A Gaza, l’hiver semble s’éterniser.

    Les soirées sont longues

    Sans lumière sans électricité.

    Seules les étoiles tentent

    De briser l’obscurité

    De ce morceau de terre enfermé,

    Soumis aux atroces mesures

    D’une occupation qui aime les ténèbres

    Et déteste la clarté.

     

    L’hiver à Gaza serait l’occasion rêvée

    De mettre fin à l’assassinat du ciel,

    De mettre fin au vrombissement des avions,

    Ces engins qui sèment la terreur et la mort,

    Ces machines qui éparpillent dans le ciel

    Des cadavres d’oiseaux.

    Les cerfs-volants n’y peuvent plus danser.

     

    En hiver, les femmes de Gaza

    Brodent les robes traditionnelles

    Pour les mariages de l’été.

    En cette Palestine

    Qui vit de l’espérance,

    Elles  préparent pour la famille

    La tisane aux multiples arômes

    Et le thé à la sauge.

     

    En hiver, une pauvre pluie

    Arrose les oliviers, les orangeraies

    Et les feuilles desséchées de nos arbres si beaux.

    Elle estompe les ruines et les décombres

    Des maisons détruites en plein hiver

    Par les missiles et par les bulldozers

    Des soldats de l’armée de l’occupant.

     

    Gaza la prisonnière, comme

    L’oiseau en cage,

    Se souvient d’un autre hiver peu pluvieux,

    C’était en  2008 !

    Quand la guerre a commencé,

    C’était le début de l’hiver !

    Mais la guerre ignore les saisons.

     

    Les combats faisaient rage

    Les bombes au phosphore blanc illuminaient le ciel

    Et les missiles s’enfonçaient dans les champs d’herbe verte.

     

    Lors de ce dramatique hiver

    Une nappe de brouillard s’étendait

    Sur le nord de Gaza

    Et le vent soufflait vers le sud

    Quand une pluie de feu

    S’abattit sur la colline de Jabalya

    Rayant de la carte

    Un village nommé

    Ezbat Abd Rabou.

     

    Lors de cet hiver meurtrier,

    L’oiseau ne chantait plus,

    L’hirondelle ne volait plus

    Et sur les troncs calcinés,

    La pluie a fait place aux bombes.

    Les pilonnages rendaient fou

    La peur étreignait le cœur de nos enfants.

     

    En chaque début d’hiver,

    Confronté à sa réalité de prisonnier

    Et à ses souvenirs douloureux

    Chaque  Gazaoui s’interroge :

    Quand la pluie reviendra-t-elle ?

    Quand aurons-nous un hiver

    Comme les autres hivers ?

    Quand retrouverons-nous la liberté ?

    Quand retrouverons-nous la paix ?

    Quand ?

    Quand ?... »

    http://carol.blog.tdg.ch/archive/2010/12/01/l-hiver-a-gaza.html

     

     

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    Nasser, artiste gazaoui, expose à Genève

    Tout a commencé avec une annonce d’un concours dans le journal, le 10 novembre 2007. Je l’ai fait suivre à Abdel Nasser Amer, artiste de Gaza. En février 2008, il a appris que l’association Visarte Neuchâtel l’invitait à commencer un stage le 1er janvier 2009. La sortie de la bande de Gaza sous les bombes était impossible. Nasser a dû patienter une année et demi, avant de pouvoir venir en Suisse, nous étions en mai 2010.

     

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    Nasser au travail dans le studio de Visarte à Neuchâtel

     

     

    Cet été, Nasser n’a pas arrêté de peindre dans le studio de Visarte à Neuchâtel ! Il privilégie des thèmes universels et les traite avec une grande originalité. Pendant ses six mois en Suisse, il a cherché à apprendre et à partager des savoirs techniques, artistiques et même culinaires ! Il parle très peu des soucis de la vie quotidienne dans sa ville de Khan Younis, au milieu de la bande de Gaza, son art en porte pourtant l’intensité du vécu. 

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     Invitation pour le projet « Rehaan »

     

    Le séjour en Suisse de Nasser approche de sa fin. L’exposition « Rehaan » à Neuchâtel, en septembre, a eu un grand succès.  A Genève, Nasser montre des œuvres dans de nouvelles couleurs. La quantité et la qualité de son travail indiquent que ce temps hors de Gaza lui a permis de laisser exploser sa créativité.

     

    Venez voir le travail de Nasser et lui souhaiter bonne route ! 

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    (Tribune de Genève)


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